L'Anjou, donné en 1619 à la Reine-Mère, Marie de Médicis, se souleva à plusieurs reprises mais atteint son paroxysme quand les troubles de la Fronde éclatèrent : exaspération du peuple et de la bourgeoisie, impatience des nobles dans la haine de Mazarin, augmentation de la fiscalité dans une économie ruinée par les catastrophes naturelles successives qui provoquèrent famine et développement de la contagion de la peste. La Fronde, outre ses causes économiques et sociales, fut le dernier sursaut d'indépendance angevin face à une monarchie centralisatrice et à l'absolutisme du pouvoir, de plus en plus affirmé. A partir du milieu du XVIIè siècle, la province apparaît définitivement soumise et organisée : l'échec de la Fronde ayant renforcé le pouvoir royal.
Ancienne circonscription financière au XVIè siècle, l'Anjou devint circonscription administrative sous la direction d'un intendant (1618) ayant pleine autorité sur les " subdélégués " des six élections de la province et cette autorité royale atteint le niveau municipal puisqu'après 1657, le roi nomme le maire et les échevins. Les tribunaux royaux, présidiaux, et chambres spécialisées accroissent leurs compétences aux dépens de la Sénéchaussée, vestige du passé. La contre-réforme du Clergé, annoncée dès le XVIè siècle, plus qu'une répression, fut une renaissance. Elle fut presque spontanée chez les femmes - les hommes imposant une règle dite de " Saint-Maur ", du fait de l' abbaye du même nom - ; des congrégations nouvelles s'implantèrent notamment destinées au service des repenties, des pauvres et des malades ; l'enseignement se développa. Mais cela n'empêcha pas que la personnalité angevine perdit de son âme : une maigre contribution aux arts et lettres ; l'art classique et baroque transparaisse au travers d'artistes étrangers ; seule l'Académie d'Angers, fondée en 1686, peut se prévaloir d'une certaine renommée bien que s'occupant plus de philosophie que de littérature. Les transformations de ces deux derniers siècles accentuent les traits caractéristiques de l'économie angevine dont les bases restent l'agriculture par son vignoble (le guignolet fut créé) et l'industrie (outre celle des ardoises, l'industrie textile se tailla une place de choix à partir du XVIIIè siècle par l'apparition de manufactures), principales sources d'emplois et de capitaux. Malgré la vogue de l'agronomie au XVIIIè siècle, d'où l'origine du bureau d'agriculture d'Angers en 1761, les progrès techniques restent limités. Les communications n'évoluèrent pas en fonction du progrès économique, gênées en cela par la multiplicité des taxes et des péages, seule la consolidation de la levée de la Loire - principal axe commercial de la région -, où la terre fort riche combla les petits propriétaires, apporta une bouffée d'oxygène indispensable et incontournable à ce développement qui outre la France, conquit l'Italie, l'Espagne, le Portugal, le Canada, l'Amérique du sud et centrale, les Antilles. Dans la seconde moitié de ce siècle, un souffle nouveau se dégage dans l'air angevin : le Clergé adhère à des idées nouvelles en dépit des succès initiaux de la réforme catholique car, comme les nobles, prêtres et moines s'affilient aux loges maçonniques et l'essor économique se ralentit.